« Est-ce qu’une belle musique existe encore ? C’est avec cette question qu’une présentatrice de la radio à Alger m’abordait un jour, et elle tombait à pic dans ma recherche du moment. Pourtant cette recherche avait déjà commencé des années auparavant, le jour où je me suis retrouvée entourée par un groupe de musiciens avec lesquels j’étais censée faire de la musique moderne, alors que j’avais interrompu bien des années avant une formation de chant classique à cause de problèmes de voix. Je vivais à ce moment-là en France, et le destin m’invitait à reprendre le chant et à approfondir sérieusement la question musicale dans ma vie. 

En fait on peut dire que dès le début de ma rencontre avec le monde de la musique classique j’avais été frappée par les textes qui accompagnaient une musique souvent harmonieuse, belle même. Ces textes étaient la plupart du temps des poèmes de tous genres, ou des arias d’opéras basés sur des histoires mythologiques ou romantique, des textes religieux dans le répertoire des cantates ou des oratorio, ou encore des chansons folkloriques. Très peu de ces textes pouvaient me satisfaire. Je les ressentais comme trop romantiques, trop dogmatiques, trop légers ou trop vieux. De même, face à la musique moderne je vivais la même insatisfaction. Mais qu’est-ce que je cherchais en fait ? Qu’est-ce qui ne me plaisait pas et pour quelles raisons ? C’est là où ma quête a commencé et j’ai pu constater deux faits principaux :

  1. Les textes ne questionnaient que rarement le sens profond du vécu humain.
  2. Si une source supérieure (Dieu) était mentionnée, elle restait souvent très abstraite.

Ces deux points menaient à des récits en quelque sorte « sans issus » dans lesquels on sépare d’un côté les faits de la vie dont on considère qu’ils sont, et d’un autre tout ce qui est de l’ordre du Divin qui se trouve la plupart du temps très éloigné de la vie humaine ou quotidienne. (…) lire la suite

Khoudh elsabil - Détail 1

(…) Suite du texte d’introduction

En travaillant en France avec le groupe musical j’ai alors commencé à écrire d’autres textes et à composer une autre musique, moderne. Malheureusement j’ai du constater que la société occidentale, tel qu’on la rencontre actuellement en Europe, ne se prête pas à une réflexion trop profonde de la vie et du vécu humain, surtout si cette réflexion touche à des questions trop métaphysiques. L’intellect occidental butte contre la notion de Dieu, il ne sait pas comment aborder le divin.

Depuis très peu de temps mon chemin m’a amenée à commencer à travailler avec un ensemble de jeunes musiciens en Algérie, à Laghouat. Là je suis en contact extérieurement avec une autre forme religieuse, l’Islam, mais intérieurement j’ai pu trouver le point commun qui fait le lien entre moi-même et les musiciens qui m’entourent : le sens du sacré.

A l’heure actuelle ma recherche musicale m’a amenée à synthétiser la conclusion de cette quête menée jusqu’à présent dans ce constat : c’est en retrouvant le sens du sacré que l’homme moderne, musicien ou pas, peut retrouver la voie qui le guidera vers plus de paix et d’harmonie dans sa vie et qui pourra par le même biais redonner un nouveau sens esthétique au monde de la musique là où cela est nécessaire. Et en quoi consiste ce sens du sacré ? Il apparaît si on accorde tout d’abord un sens à la vie et qu’on cesse de la croire le jeu du hasard. Accorder un sens à la vie amène à du respect, même si nous ne comprenons pas toujours tout de suite quel est le véritable sens derrière tel ou tel évènement ou chose. Ensuite le respect peut nous guider vers la compréhension et cette dernière suscite finalement l’amour. Ceci consiste certes à parcourir un long chemin, et le premier pas est de réfléchir à l’idée que tout ce qui nous arrive, même les choses douloureuses, a un sens, et que ce sens nous est révélé intuitivement, automatiquement, si nous essayons de respecter notre vécu et le vécu du monde qui nous entoure, sans préjugé. L’amour pour cette Intelligence qui a créé ce monde en sera finalement le résultat, qu’on l’appelle Allah, Dieu, Jahvé, ou encore par d’autres noms, et c’est cet amour qui finira par résoudre tous les problèmes.

C’est dans cet état d’esprit que je compose et c’est ce sens du sacré profond que j’aimerais transmettre au monde, comme ma participation au progrès de toute l’humanité. »

MOTHER